Ambition : Moteur de l'action

Ambition noble (2) : première loi pour réconcilier l’homme, le travail et l’entreprise

Ambition et sens. Alors oui, il faut bien parler d’ambition et de sens. D’ailleurs l’expression « why » qui caractérise la génération Y, ne nous y invite-elle pas avec force ? L’ article précédent a suscité quelques commentaires. Les principales remarques mettaient en évidence le « mauvais côté » de l’ambition. Effectivement ce mot n’a pas bonne réputation. Toutefois, comme nous le verrons, le caractère moral de l’ambition dépend de la fin visée et des moyens utilisés. C’est pourquoi je vous invite à découvrir les angles sous lesquels l’ambition peut retrouver ses lettres de noblesse et participer à réconcilier l’Homme, le Travail et l’Entreprise.

Ambition : Quel vilain mot !

Ambition
L’ambition : vice ou vertu ?

A priori, malheureusement l’ambition n’a pas bonne réputation et l’ambitieux généralement n’est pas bien vu. Revenons quelque temps sur l’étymologie et les définitions du mot ambition.

Ambition est un mot du XIII e siècle qui vient du latin « ambitio », de « ambire » : entourer, briguer les suffrages.

D’abord, le Larousse (sur internet) en donne la définition suivante :
Désir ardent de posséder quelque chose, de parvenir à (faire) quelque chose : Avoir l’ambition de réussir.
Et aussi, désir ardent de gloire, d’honneurs, de réussite sociale : Un homme dévoré d’ambition.
Ou encore, prétention de réussir quelque chose : Je n’ai pas l’ambition de résoudre cette énigme.

Par ailleurs nos dictionnaires distinguent l’ambition comme désir ardent de ce qui flatte l’amour-propre (biens, pouvoirs, honneurs) et l’ambition comme « désir ardent de quelque réussite d’ordre supérieur » (Petit Robert)
Enfin retenons la définition qu’en donne André Comte-Sponville dans son dictionnaire philosophique :
« C’est la passion de réussir, tournée surtout vers l’avenir et l’action.
L’ambition porte moins sur ce qu’on est (comme l’orgueil) ou fait (comme le zèle) que sur ce qu’on sera ou fera. C’est un goût immodéré pour les succès à venir. Encore faut-il qu’elle se donne au moins les moyens nécessaires à sa réalisation : c’est ce qui distingue l’ambitieux du rêveur puis du raté. Passion prospective, mais actuelle et active. »

L’ambition destructrice

Evidemment la recherche immodérée de la domination et des honneurs a une connotation péjorative. Le langage commun ajoute un adjectif mélioratif. On parle alors d’une ambition généreuse, grande ambition, ambition héroïque, ambition légitime, ambition louable, noble ambition.:.
Donc, telle ambition passe pour force d’esprit et de vertu, telle autre pour vice et crime.
De fait la distinction est bien réelle.

Prendre le pouvoir, s’imposer sont bien des traits caractéristiques de l’ambition. L’ambition est insupportable et condamnable quand elle emploie la ruse, la bassesse ou la violence. Elle ne cherche dans ce cas qu’à atteindre, au détriment d’autrui, l’objet qu’elle convoite. L’ambitieux, dans l’acception mauvaise de ce mot, est bien évidemment égoïste. Aucune communauté primitive, aucun « peuple racine » ne l’a acceptée dans ses rangs. II ne veut du pouvoir que pour lui seul. Son élévation est sa seule préoccupation. Et il sacrifie à sa passion, son caractère, son repos, et ceux même de ses semblables qui lui ont servi d’instruments, voire jusqu’à leur intégrité physique et morale. Bien sûr en aucun cas nous ne pouvons accepter une telle ambition, destructrice par elle-même du lien social indispensable à notre bien-vivre ensemble.

L’ambition, dans ce sens est l’ennemie de l’indépendance, de la liberté de pensée et de l’autonomie de décision, bref du libre-arbitre. Car, selon la remarque de La Bruyère, « l’esclave n’a qu’un maître, l’ambitieux en a autant qu’il y a de gens utiles à sa fortune. »

 Humilité et modestie

Les Romains ont élevé un temple à l’Ambition. Ils la représentaient avec des ailes et les pieds nus. Traditionnellement cette image est interprétée comme représentative de la hauteur de ses visées, et de la misère que presque toujours elle recueille. Cette interprétation met en opposition le désir (assimilé au manque, à la frustration) et la réalité (l’ impuissance).

Aussi je vous en propose une autre lecture. Et pour ce faire, je me réfère aux antonymes du mot « ambition » les plus souvent cités dans les dictionnaires : Humilité, modestie. Et si nous étions capables de faire le lien entre l’ambition et l’humilité, la modestie ? L’équilibre n’est pas dans le ou/ou binaire et s’opposant. Il est dans l’intégration des paradoxes. Et cet équilibre, sa force ne se situe pas dans un juste milieu entre les deux, une espèce de compromis, de cuisine complaisante, ou de complaisance. Sa puissance réside dans la capacité à développer au plus haut niveau l’un et l’autre, dans un juste rapport. Plus je suis ambitieux, plus je dois être humble dans l’action. Deux qualités indispensables, humilité et modestie, à tous ceux qui souhaitent développer une organisation créatrice de juste valeur pour tous.

Le caractère moral de l’ambition dépend du but qu’elle poursuit et des moyens qu’elle emploie.

Ambition : Moteur de l'action
L’ambition noble : puissant mobile à agir

Et donc, L’AMBITION quand même

Ainsi, à condition que les actions qu’elle sous-tend ne nuisent à quiconque, puissant mobile à agir, l’ambition n’est-elle pas à ce titre plutôt positive ? La noblesse de l’’ambition peut s’apprécier sous trois angles.

L’ambition envers soi

« Le plus beau cadeau que tu puisses faire à ceux que tu aimes, est d’être bien toi »
L’ambition est une des manifestations de l’amour de soi. Indispensable à la construction de son être. Notre seul bien commun, voire même devoir moral est de « devenir soi ».
Il est donc sain d’être ambitieux à l’égard de soi-même. Chacun doit être motivé pour s’instruire et se former, et il revient à chaque « manager » de donner confiance à ses collaborateurs pour qu’eux-mêmes puissent développer leurs aptitudes et potentialités. Chacun a besoin d’estime de soi pour cultiver ses talents propres.

L’ambition entendu comme service

La vertu est le propre de l’homme. Donc aucune organisation regroupant des hommes n’est fondée par elle-même sur la vertu. Elle l’est sur l’ambition de chaque participant, qui contient l’ambition des autres.
Aussi, on n’a pas une ambition pour soi seul. La culture de ses talents personnels a pour visée de les mettre au service d’un projet. Qu’il s’agisse de sa vie conjugale, de l’éducation de ses enfants, ou encore de contribuer au développement d’une entreprise, d’une communauté ou même de s’investir dans la défense d’une cause sociale, environnementale…
L’existence du projet suscite le désir, l’engagement, le dynamisme.
L’ambition authentique donne un idéal, et donc invite au dépassement de soi.

Ambitions collectives

Ambition envers soi, entendu comme service, contribution à la construction du bien-vivre ensemble.
Chacun, à sa place, peut alors mobiliser son énergie à la réalisation du projet dans le respect d’autrui et du monde environnant. Les fondements de l’entreprise sont alors établis. Il appartient à chacun de se mettre en route vers un futur plus passionnant et valorisant. Toutefois, des dérives et/ou écueils peuvent surgir. La construction de la cathédrale peut alors se transformer en guerre de chapelles, ou en mosaïque d’interstices lacunaires.

Le prochain chapitre apportera quelques éclairages pratiques pour développer la noble ambition dans nos entreprises et organisations. 

Contribuez à la prochaine étape ! Faites moi parvenir et partager vos témoignages, expériences…de belles (ou moins belles) réussites.

 

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