Mars : la croissance…solution miracle ?

Mars : le mois dédié au Dieu de la guerre et de la fertilité, évoque la renaissance, et nous invite à réfléchir sur  la croissance… solution miracle ? Et si la grenouille de La Fontaine nous rappelait à la sagesse…

Le mois dédié au Dieu de la guerre et de la fertilité

Après janvier, et février, voici mars et l’annonce du printemps. Mars était le premier mois de l’année dans la Rome antique. Après l’hiver, l’arrivée des beaux jours autorisait la reprise de la guerre. Ce premier mois fût donc dédié au Dieu de la guerre et de la fertilité : Mars.. Considéré comme un stratège hors-pair, Mars est un Dieu parfaitement ambivalent. Porteur de valeurs positives : promesse de jeunesse renouvelée et de croissance. Mais aussi invitation au dépassement de soi, voire à l’agressivité par l’écrasement des autres.

Thèmes, bien d’actualité

Jeunesse renouvelée avec les générations X et Y ; Stratégie d’ innovation, expérience client. Guerre, le quotidien des Syriens, le conflit en Palestine, la guerre économique avec la menace mondiale relancée par le président Trump et la protection. Croissance, l’inquiétude de tout parent à l’égard des enfants, de tout chef d’entreprise quant aux résultats, de beaucoup de gouvernements pour l’économie, le PIB…: voilà bien des mots d’actualité, quotidiennement à la Une de la presse !

Alors croissance et guerre sont-elles liées ?

D’après les études les plus récentes, il semblerait que les hommes n’ont pas toujours fait la guerre, et surtout pas les hommes préhistoriques comme le laisse entendre un mythe construit à la fin du XIXème siècle relatif à la cruauté et à la sauvagerie des origines. La sédentarisation et le développement de l’agriculture et de l’élevage permettent l’accumulation de denrées. Par ailleurs ce développement nécessite des surfaces de plus en plus grandes, et bien évidemment un nombre de plus en plus important de bras. Le néolithique aurait donc donné naissance à la division du travail. Une élite se forme donc avec ses intérêts et suscite des convoitises. Les castes de guerriers et d’esclaves sont le corollaire de cette élite.

Ainsi jusqu’au néolithique, les sociétés étaient plutôt égalitaires et peu hiérarchisées. Les études indiquent donc que l’entraide, la coopération et la solidarité étaient des facteurs clés de survie et de réussite. Ce sont les éléments communs aux différents peuples “racines” qui existent toujours et répartis sur l’ensemble de notre planète. Je consacrerai un prochain article aux enseignements des Pygmées, et des Dogons quant aux modèles d’organisation des entreprises.

La croissance certes…mais de quoi s’agit-il ?

Issu du verbe latin crescere « naître, venir à la vie », le mot crescentia « accroissement », fut très rarement utilisé en latin classique. En effet à l’origine, crescens, « croissant », désignait le temps pendant lequel la lune croît (le croissant de lune). L’usage du mot, dans le sens « action de croître, développement » n’apparaît qu’au XIIème siècle.
Le Littré en donne la définition suivante : « Développement progressif des corps vivants, particulièrement en hauteur. Prendre sa croissance. L’âge de croissance. Avoir toute sa croissance. » Ainsi la croissance est l’expression de la tonalité majeure de la vie. Elle est donc essentiellement associée à la période de l’enfance et de l’adolescence. L’issue inéluctable est la mort. Si décroissance, dépérissement, récession, sont des antonymes, le vieillissement est le corollaire de la croissance. Le vieillissement est l’inséparable compagnon d’ombre de la croissance.

La croissance est donc à la fois action (grandir) et période (séquence de temps). L’acception dans le sens résultat de croître, taille maximum de ce qui a fini de croître est excessivement rare. La croissance serait donc par nature sans fin. Serait-ce là le début des illusions…?

Et si la grenouille….nous rappelait à la sagesse

Une satire de l’orgueil et de la vanité humaine
Voilà donc le lien entre Mars et la fable de La Fontaine « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf » : la croissance.

En synthèse: la grenouille cherche à devenir aussi grosse qu’un bœuf en s’emplissant d’air et en demandant à sa sœur de lui indiquer sa progression. Celle-ci plutôt que de la mettre en garde, semble l’encourager. La grenouille finit par exploser.
La Fontaine de conclure : « Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, [….]. »

D’ailleurs vous ne vous y êtes pas trompés. En effet voici quelques-unes de vos réponses au jeu de la devinette sur le lien entre Mars et la fable de la Fontaine :
« La chaleur qui revient, les jours qui rallongent, le grand nettoyage du printemps… »
Ou encore
« La grenouille est vaniteuse et ne se contente pas de ce qu’elle a. Un peu comme l’homme qui veut toujours plus. Il existe bien des nuances entre la vanité et l’ambition… je réfléchis encore pour deviner le lien avec mars… »

En effet la grenouille apparaît comme l’allégorie de la vanité et de l’ambition démesurée, toute dévouée à la gloire et à la fortune. La Fontaine montre également du doigt la volonté humaine d’asseoir son autorité sur autrui, d’assouvir son besoin de supériorité en « domestiquant » ses semblables pour avoir toujours plus de pouvoir.

Le jeu de l’ambivalence, bien présent encore aujourd’hui …

A l’ époque du culte de l’individualisme et de la performance, certaines entreprises n’hésitent pas à développer une communication « grand public » dont le scénario est basé sur l’ambivalence de Mars, invitant au dépassement de soi, voire à l’agressivité. Par exemple, les équipementiers comme Adidas

Nike

utilisent à outrance les métaphores guerrières, comme en témoignent ces deux vidéos.

Au-delà du message transmis à la cible, la communication est révélatrice de l’intention de ce type d’entreprise : anéantir ses concurrents sur son marché. Ainsi ce combat homérique devient sa raison d’être ; Il s’agit d’écrire une épopée. Alors si Mars permet la conquête, une fois l’objectif atteint, faudra-il défendre le territoire et affirmer sa puissance tel Jupiter…

Les limites de la croissance

A L’homme sans cesse accablé du désir d’imiter, la réponse n’est-elle pas « Deviens ce que tu es ».

Sur le plan des organisations et des entreprises
La course effrénée à la croissance provoque des dégâts sociaux et environnementaux connus de tous et non contestables. Malgré tout, la croissance est toujours considérée comme la solution miracle aux maux de la société. D’ailleurs lors de la campagne présidentielle de 2007 Nicolas Sarkozy n’avait-il pas lâché : « La croissance, j’irai la chercher avec les dents. »

Néanmoins la crise économique, depuis, a ouvert le débat sur les concepts fondamentaux à la base de notre vision de l’économie. Le paradigme de la croissance économique semble remis en cause. La finitude de la planète impose de revoir notre modèle. Chercher la croissance à tout prix, c’est accepter de se soumettre à l’idéologie du toujours plus, qui peut à l’image de la grenouille de la fable, s’avérer mortifère.

Alors quels enseignements tirer de cette fable ?

Pour éviter les désagréments de la grenouille, voici quelques pistes de réflexion sur différents plans.

Maintenant à vous de jouer ! Et vous, que vous inspire cette fable ? Vous pouvez enrichir les pistes, en partageant                                                                   vos réflexions d’un seul clic ci-dessous. Postez, commentez, partagez sans limite…

Pour aller plus loin…

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